Mary Parker Follett(3) : expérience de groupe et leadership

A la fin du XIXème, Mary Parker Follet a vécu l’émergence de nouvelles technologies de l’information et de la communication. On peut faire le parallèle avec celle que nos générations ont connue un siècle plus tard avec l’Internet. La consultante américaine regrette que ces nouveautés favorisent trop peu l’expérience du vivre ensemble. Selon Mary Parker Follett, l’apprentissage du vivre ensemble est rendu possible par l’expérience de groupe.

C’est en effet au travers de cette expérience que s’expriment les différences individuelles qui parviennent à s’unir. L’expérience de groupe renvoie à un processus permettant l’élaboration d’une idée collective. « L’objet d’une rencontre n’est pas d’obtenir beaucoup d’idées différentes, comme il est souvent pensé, mais justement l’inverse : d’arriver à une seule idée. » Cette dernière s’obtient par l’influence exercée par chaque individu composant le groupe. Il y a interaction entre le groupe et l’individu. L’individu apporte au groupe, comme le groupe permet à l’individu de se renouveler.

Une nouvelle méthode en politique

Au moment où l’organisation est régie par le pyramidal, par le le top/down, Mary Parker Follett place la dynamique de groupe au cœur du système, accordant la priorité à la coopération et à l’apprentissage. C’est étonnamment contemporain. « L’organisation en groupe créera le monde nouveau que nous recherchons aveuglément aujourd’hui, car les forces créatives viennent du groupe, le pouvoir créatif vient de la vie en groupe », écrit-elle. Le processus de groupe est créatif ; de la confrontation des points de vue émergent des idées nouvelles. L’expérience du groupe est vitale pour la démocratie tout entière. « L’organisation en groupe doit être la nouvelle méthode en politique, car les seules voies par lesquelles l’individu peut être révélé et rendu effectif sont celles de la politique pragmatique. »

Mary Parker Follet distingue le groupe — espace de créativité et d’innovation — de la foule, par essence moutonnière. Mais ces deux entités sont régies par la psychologie sociale. Ce qui fait la force d’un groupe n’est pas la qualité de ses membres, mais celle du lien qui les unit.

Le leader est précisément celui qui, au sein du groupe, rend cela possible. « Le leader guide le groupe et est en même temps lui-même guidé par le groupe, il fait toujours partie du groupe. Personne ne peut être leader d’un groupe en y étant extérieur. L’un des dangers de concevoir le leader comme étant à l’extérieur apparaît lorsque la loyauté de groupe devient de la loyauté personnelle. Quand nous avons un leader au sein du groupe, ces deux loyautés peuvent fusionner. » Le leader ne tire pas sa légitimité de son pouvoir personnel, mais de ce qu’il réussit à catalyser dans le groupe.

A suivre.


Source : Héon, François ; Davis, Albie ; Jones-Patulli, Jennifer ; Damart, Sébastien. L’Essentielle Mary Parker Follett : Des réponses pour s’organiser et vivre ensemble — Citations choisies (avec citations originales en anglais) (French Edition). The MPF Group.

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