Digitale ou analogique, les deux facettes de la communication

Le quatrième axiome de la communication selon le psychologue Paul Watzlawick repose sur une distinction fondamentale, celle entre communication digitale et analogique.

La déclaration « Je vais bien », en réponse à un « Comment vas-tu ? » est digitale : elle transmet une information spécifique. La communication digitale est basée sur le code, la structure, et la syntaxe. Elle est verbale et se compose de mots qui ont un sens. Elle transmet des informations concrètes, des faits, des définitions et des détails spécifiques. C’est le « quoi » du message, son contenu. La communication digitale est principalement axée sur la logique et les faits.

La communication analogique en revanche accorde la primauté aux aspects relationnels, à ce que l’on perçoit ou ressent, les émotions… Elle est paraverbale au sens où elle prend en compte le rythme, le volume, le ton de la voix. Elle est aussi non-verbale car elle inclut le langage corporel, la gestuelle, les expressions faciales… L’analogique transmet des informations sur la nature de la relation entre les interlocuteurs, sur les sentiments qui la traversent… C’est le « comment » de la communication.

« Je vais bien » : si cette phrase est prononcée sur un ton triste, si celui qui l’émet a les larmes aux yeux ou avec des larmes aux yeux, nous assistons à un décalage entre ces deux types de communication qui produit un manque de congruence. Ce qui est dit contredit le comment cela est dit. « Une communication ne se borne pas à transmettre une information, mais induit en même temps un comportement »[1]

Il arrive la même chose quand votre belle-mère vous propose de reprendre une part de sa délicieuse tarte aux pommes et que vous refusez par pure politesse. Celle-ci va insister, encore et encore, jusqu’à ce que vous craquiez. Votre « Non merci ! », elle n’y a pas cru. Celui-ci était sans doute parasité par un certain nombre de micro-expressions, par des hésitations dans la voix qui ne l’ont guère convaincue. Aussi s’est-elle permis d’insister. Elle a eu raison, car vous avez cédé et repris de la tarte, à votre plus grande satisfaction.

Au cœur du travail thérapeutique

Plus encore que votre belle-mère, le psychothérapeute est attentif à ces incohérences entre ce que le patient dit et ce qu’il montre en le disant. Mais les messages analogiques peuvent aussi être ambigus. On pleure de rire ou de tristesse. On peut mal interpréter un regard ou un sourire. C’est la raison pour laquelle le psychothérapeute considère un manque de congruence entre communications digitale et analogique seulement comme un indice signalant que quelque chose se joue ici et maintenant dans le cours de l’entretien, mais en aucun cas une preuve de quoi que ce soit. Le psychothérapeute va s’efforcer, à travers son questionnement, de vérifier si ce qu’il a perçu est vraiment significatif.

Quand vous interagissez avec autrui, la forme compte tout autant que le fond. La forme du message a autant de valeur communicationnelle que son contenu.


[1] Janet Helmick Beavin, Don D. Jackson, Paul Watzlawick, Une logique de la communication, Points, 2014.

Crédit Photo : Christina Morillo – Pexels

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