Proxémie : Comment trouver « la bonne distance » avec votre interlocuteur ?

Proxémie… Un mot dont beaucoup ignorent le sens ou même l’existence, mais une réalité qui influe profondément et inconsciemment sur notre quotidien. Dérivant étymologiquement du mot grec « proximos », qui signifie « proche », la proxémie se définit comme l’étude des distances et de l’espace que les gens maintiennent entre eux dans leurs interactions. Le concept a été introduit pour la première fois par l’anthropologue Edward T. Hall dans son ouvrage La Dimension cachée, publié en 1966. Un concept important qui nous permet de saisir un mécanisme d’influence dont nous n’avons que très peu conscience.

Pour l’anthropologue américain, les distances physiques que les individus maintiennent dans les interactions sociales ne sont pas aléatoires, mais plutôt un langage silencieux exprimant la relation entre eux. Hall classe ces distances en quatre zones principales : intime, personnelle, sociale et publique.

Dans son livre, Hall décrit quatre zones distinctes et concentriques comme les couches d’un oignon :

  1. La zone intime, qui s’étend jusqu’à environ 45 cm de la personne. C’est l’espace que nous réservons pour nos partenaires, notre famille proche et nos amis très proches.
  2. La zone personnelle, qui s’étend de 45 cm à environ 120 cm. C’est l’espace qui convient pour les conversations entre amis et les interactions familiales régulières.
  3. La zone sociale, qui s’étend de 120 cm à environ 3,6 mètres. C’est l’espace utilisé pour les interactions sociales ordinaires, comme parler à des collègues ou à des connaissances.
  4. Enfin, la zone publique, qui s’étend au-delà de 3,6 mètres. C’est l’espace pour les interactions anonymes, les discours publics et autres situations où une distance plus grande est requise.

Illustrer le concept de proxémie est extrêmement simple ; il suffit de nous remémorer nos petites expériences quotidiennes. Dans l’ascenseur en compagnie d’un étranger par exemple, nous maintenons une distance « socialement appropriée », probablement dans la zone sociale décrite par Hall. Si cet étranger s’aventure à se rapprocher de nous jusqu’à pénétrer dans notre zone personnelle, nous ressentons un malaise.

Si enfin il s’approche de nous jusqu’à franchir les limites de notre zone intime, il y a de fortes chances que vous vous sentiez agressés.

Autre illustration du phénomène : lors des conversations en tête-à-tête, les individus ont tendance à maintenir une certaine distance qui reflète leur niveau de familiarité avec l’autre personne. Par exemple, une conversation entre deux amis proches pourrait se dérouler dans la zone personnelle, tandis qu’une réunion d’affaires se tiendrait plus probablement dans la zone sociale.

Notons que ces distances sont largement influencées par la culture. Par exemple au Moyen-Orient et en Amérique latine, il est courant de maintenir des distances plus courtes dans des contextes sociaux identiques. A l’inverse, le Japon est un pays connu pour sa culture de respect et de courtoisie. Cela se reflète aussi dans leur approche de la proxémie. Les Japonais ont tendance à maintenir une certaine distance lorsqu’ils interagissent avec les autres, même entre amis proches.

Trouver la bonne distance

Comprendre la proxémie peut nous aider à interagir efficacement dans nos relations avec autrui, notamment dans le cadre professionnel. « A trouver la bonne distance », au sens propre et au sens figuré. Cette expression est révélatrice du pouvoir des distances physiques dans nos interactions sociales. Or nous ne prêtons généralement pas attention aux distances que nous maintenons avec nos interlocuteurs. Prendre pleinement conscience de ce phénomène d’influence permet de fluidifier sa communication. 

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Plus globalement, au-delà de la seule distance, s’intéresser à la manière dont est configuré l’espace quand nous sommes amenés à agir est essentiel. Lors d’une discussion délicate avec un salarié, se positionner trop loin, en face à face, crée ou accentue le sentiment d’opposition, voire de déconnexion. Privilégiez alors un échange assis de trois quarts avec votre interlocuteur. Il s’agit d’une posture prisée des négociateurs et des diplomates puisqu’elle sous-entend le compromis et véhicule une certaine forme de décontraction.  Ou alors pour favoriser un climat de confiance, adoptez un positionnement « côte à côte », comme dans la photo plus haut. On est loin de la longue table au bout de laquelle Vladimir Poutine reçoit certains de ses visiteurs. Cette longueur en dit long sur les intentions de l’hôte du Kremlin…

Crédit Photo : Jopwell – Pexels

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