« On ne peut pas ne pas communiquer »

Fondateur de l’école de Palo Alto, Paul Watzlawick s’est intéressé aux mécanismes de la communication. Pour le psychologue américain, les problèmes interpersonnels résultent principalement d’un dysfonctionnement dans le processus de communication. Watzlawick a identifié les 5 axiomes de la communication. Voici le premier.

« On ne peut pas ne pas communiquer » : la communication est omniprésente, même quand elle semble absente. Considérez une réunion d’équipe où un membre, les bras croisés, fixe obstinément la table. Sans prononcer un mot, son attitude dépeint une réticence. Au mieux un désengagement, au pire une opposition. Tout le monde aura interprété ce silence, pas forcément de la même manière d’ailleurs. « Nous ne pouvons exister sans communiquer »[1], affirme Paul Watzlawick.

« Un silence vaut mille mots », dit l’adage. C’est effectivement le cas. Les silences sont signifiants. Quand, lors d’un entretien thérapeutique, un moment de silence apparaît, quelque chose se joue. Du moins, c’est ce que le thérapeute interprète. Matériellement, rien ne se passe. Rien n’est dit. Et pourtant, ce rien n’est pas rien. Le verbe n’est pas le seul canal à véhiculer du sens. « Il suffit de la présence d’autrui pour que tout comportement, actif ou passif, intentionnel ou pas, présente un caractère communicationnel et constitue une communication »[2]. La simple présence est signifiante pour autrui.

Interaction

C’est aussi vrai avec l’email. Lorsque vous attendez une réponse qui ne vient pas, vous ne pouvez arrêter votre machine à interprétation. De quoi cette absence de réponse est-elle l’expression ? D’une hostilité du destinataire ? De son mépris ? De son embarras ?

Watzlawick, en soulignant cette vérité, offre une clé pour appréhender la complexité des relations humaines. Il nous rappelle que chaque action, ou absence d’action, ont des effets sur notre interlocuteur. Interlocuteur dont l’attitude (ou l’absence de réaction) aura également des effet en retour sur nous. Watzlawick rappelle également qu’un message ne se résume pas à son contenu, mais implique une dimension relationnelle tout aussi importante.


[1] P. Watzlawick, Les cheveux du baron de Münchhausen, Seuil, 1991.

[2] Ibid.

Crédit Photo : Can Stock Photo – file404

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