15 propositions pour réussir notre transition vers la décroissance prospère

L’association Alter Kapitae a réussi son projet de réunir décroissants et acteurs de l’économie pour produire des propositions permettant de basculer vers un monde plus soutenable. Des propositions concrètes, décroissantes, radicales !

Le programme est d’ampleur : réunir deux mondes qui, souvent, semblent s’opposer et les amener à réfléchir ensemble sur trois thématiques. Trois thématiques, trois groupes d’une douzaine de membres… et 5 propositions concrètes par groupes. Pour atteindre cet objectif, les groupes se sont réunis 4 fois de janvier à avril 2023. Le résultat[1] a été présenté lors de l’agora de la décroissance prospère qui s’est tenue le 25 mai dernier à Sciences Po Paris en présence de 500 personnes.

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Gabriel Malek, président d’Alter Kapitae

Le premier, « décroissance et énergie », présidé par Agnès Sinaï, directrice de l’institut Momentum et Gilles Vermot-Desroches, membre du CESE, a débouché sur les propositions suivantes :

  1. Introduction progressive d’une carte carbone visant à rationner de manière équitable la consommation énergétique et les émissions induites,
  2. Encourager la sortie de l’ère de la voiture individuelle et de l’avion tout en favorisant l’accès à des modes de déplacements alternatifs, sobres et partagés,
  3. Mettre l’écologie au cœur de l’éducation et proposer des journées de formation et de sensibilisation à la gestion de crise énergétique,
  4. Accélérer un vaste programme de rénovation énergétique performante des bâtiments en priorisant systématiquement les logements sociaux,
  5. Développer les communautés énergétiques renouvelables dans les quartiers défavorisés les plus exposés au risque d’insécurité énergétique.

Le second, décroissance et comptabilité, présidé par Alexandre Rambaud, co-directeur de la chaire « comptabilité écologique » et Mélanie Berger, présidente du CJD a élaboré des propositions non moins radicales :

  1. Doter le projet de la décroissance prospère d’une comptabilité adaptée d’ici 2030 en redonnant aux citoyens le pouvoir de décider ce qui compte vraiment,
  2. Par des expérimentations de gouvernance des communs dans les territoires, créer les outils de dialogue permettant les discussions sur les nécessaires renoncements,
  3. Participer activement aux collaborations internationales pour redonner à la France son leadership historique en obligeant les entreprises à communiquer des plans de transition et en pénalisant de manière exemplaire celles ne le faisant pas,
  4. Prélever une part substantielle de dividendes mal comptés et les redistribuer pour moitié aux travailleurs et pour moitié à une Caisse de la redirection écologique,
  5. Créer une Caisse de la Redirection Ecologique qui fléchera les ressources vers des projets répondant aux enjeux de notre temps à travers un processus de sélection rompant avec la recherche de rendement financier.
Groupe compta

Le troisième groupe enfin, « décroissance et imaginaire », présidé par Vincent Liegey, membre fondateur de l’OPCD et Bastien Sibille, président des licoornes ont travaillé sur le plan des représentations :

  1. Alimenter les nouveaux imaginaires en réorientant la publicité vers des activités écologiquement soutenables et socialement souhaitables,
  2. Créer un réseau national d’expérimentations décroissantes qui fédère et soutient des initiatives décentralisées et spontanées, faisant vivre par la pratique les nouveaux imaginaires écologistes,
  3. Impulser la transformation des productions culturelles publiques et privées pour en faire des leviers d’adhésion autour de principes en lien avec la décroissance,
  4. Organiser des Conventions citoyennes de la Décroissance afin de proposer des mesures territorialisées pour réorienter les pratiques individuelles et collectives au service de l’intérêt général,
  5. Proposer des formations aux enjeux des limites planétaires et des planchers sociaux à destination des professionnels, des étudiants et des citoyens.

En parallèle de l’événement, des étudiants de Sciences Po se sont réunis pour voir comment l’institution pouvait aller dans le sens de la décroissance. L’événement a permis de prendre conscience de l’étendue du champ des possibles. Une seconde édition de l’Agora permettra de poursuivre le travail entamé. Pour Gabriel Malek et Pierre Yves Thuillier, cofondateurs d’Alter Kapitae, « seule la force mobilisatrice que suscite l’édification collective d’une nouvelle architecture de la société permettra de répondre aux deux grands défis du siècle : la répartition des richesses et la construction d’un équilibre avec les écosystèmes vivants ».


[1] Le livret des propositions est disponible ici.

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