Semaine de 4 jours : une mesure de justice sociale

On parle de plus en plus de la semaine de 4 jours. Elle apparaît comme une solution permettant de redonner de l’attractivité à des métiers perçus comme contraignants et dont on se détourne.

Au sortir des confinements successifs provoqués par l’épidémie de COVID, le monde du travail a profondément évolué. Parmi les évolutions notables, la plus grande fut sans doute la mise en place systématique du télétravail dans les entreprises et administrations. Ce mode de travail n’était pas nouveau ; de nombreuses entreprises l’avaient mis en place. Cependant, une large réticence entourait cette pratique. En case, la question du contrôle. « Quand le chat n’est pas là, les souris dansent ». Ce dicton populaire sonnait comme une évidence pour de nombreuses directions des ressources humaines. L’autonomie des collaborateurs, grand principe proclamé dans toutes les entreprises, se heurtait à l’évidence tenace que le travail doit être encadré sur site, physiquement.

Le COVID a fait exploser tout cela. Parce qu’il a été imposé sans alternatives possibles et parce que l’expérience a montré que ce mode de fonctionnement contribue au bien-être des collaborateurs sans altérer la productivité de l’entreprise, le télétravail est aujourd’hui incontournable. Dans le domaine des services informatiques, certaines entreprises reconnaissent même que le télétravail a boosté la productivité. Bien entendu, il n’est pas une panacée et doit être appliqué intelligemment afin de garder l’esprit d’équipe. Mais l’expérience est concluante et un retour en arrière s’avère aujourd’hui impensable. Pour beaucoup, il est devenu un acquis social.

Autre leçon du COVID : la prise de conscience que certains métiers étaient plus essentiels que d’autres. L’éboueur, la caissière, l’infirmière, le manutentionnaire, l’agriculteur, le transporteur routier et bien d’autres métiers ont montré leur centralité dans l’économie. Sans eux, la vie n’est tout simplement plus possible. Le problème est que ces professions ne sont pas « télétravaillables ». Il s’agit principalement de professions manuelles, qui produisent, ordonnent ou assurent la maintenance de l’existant.

L’acquis social que constitue le télétravail peut être considéré par ceux qui exercent ces professions non télétravaillables comme un privilège. La presse a largement relaté les cas de ces travailleurs qui ont déserté après le COVID pour se réorienter professionnellement et bénéficier d’une vie moins épuisante ou plus en phase avec leurs aspirations profondes. On ne saurait le leur reprocher. Parmi ces métiers, ceux de l’hostellerie restauration. Non télétravaillables et soumis à des contraintes horaires importantes, ces métiers sont aujourd’hui dits « pénuriques ». On peine à recruter serveurs et cuisiniers dans la première destination touristique au monde.

Comment compenser le « non télétravaillable » ?

Une autre tendance émerge ces derniers mois : la semaine de 4 jours. Cette pratique a l’avantage de concerner tous les salariés, quel que soit leur secteur d’activité. La semaine de 4 jours apparaît alors comme un levier de justice sociale, permettant à certains métiers contraignants de retrouver une certaine forme d’attractivité. Julien Leclercq, à la tête du Bastion, un restaurant situé à Lectoure dans le Gers, l’a parfaitement compris. Preuve que face à des problèmes qui semblent indépassables, certains réussissent à tirer leur épingle du jeu par l’innovation sociale.

Crédit Photo : Gilles Piel

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