En 2012, Google a lancé le projet Aristote, une étude visant à comprendre ce qui rendait leurs équipes efficaces. Les résultats ont révélé que la sécurité psychologique, c’est-à-dire la capacité des membres de l’équipe à prendre des risques sans craindre des répercussions négatives, était le facteur clé de succès.
La notion de sécurité psychologique au travail a été largement développée par Amy Edmondson, professeure à la Harvard Business School. Amy Edmondson définit la sécurité psychologique comme une « croyance partagée par les membres d’une équipe selon laquelle l’équipe est sûre pour la prise de risques interpersonnels ». Cette notion s’avère cruciale pour encourager l’apprentissage organisationnel, l’innovation et la performance collective.
La sécurité psychologique permet aux équipes de mieux collaborer, d’innover et de s’adapter aux changements. Concrètement, cela se traduit par la création d’un environnement de travail dans lequel les membres de l’équipe se sentent libres d’exprimer leurs idées, de poser des questions, et de reconnaître leurs erreurs sans peur de représailles. « La sécurité psychologique est littéralement essentielle dans l’environnement de travail actuel. Vous ne pouvez plus diriger ou gérer par la peur. Dans un monde incertain et interdépendant, cela ne fonctionne ni comme motivation ni comme facteur de haute performance », résume la chercheuse américaine.
Les conclusions d’études vont dans ce sens. Par exemple, une équipe de développement de logiciels chez Google a réussi à réduire de manière significative le nombre de bugs en encourageant une culture où chaque membre pouvait signaler des erreurs sans peur de réprimandes. Cette transparence a conduit à une détection et une correction plus rapides des problèmes, améliorant ainsi la qualité du produit final.
Un épisode récent a montré l’importance de la sécurité psychologique : celui de la pandémie de COVID-19, dont une des conséquences a été la transformation radicale des environnements de travail à travers le monde. Souvenons-nous de la brutalité des confinements et de la transition massive et contrainte vers le télétravail, les mesures de distanciation sociale et l’incertitude omniprésente. C’est à ce moment que l’expression « sécurité psychologique » a pris un sens plus concret que jamais. L’attention portée à chacune de ses relations de travail était devenue cruciale à ce moment. Le passage aujourd’hui acté et sans retour en arrière au télétravail pose de nouveaux défis. Les employés isolés peuvent se sentir en détresse pour exprimer leurs préoccupations ou demander de l’aide.
En adoptant des stratégies pour encourager l’attention portée à chaque salarié et une communication ouverte, en valorisant les contributions de chacun, les organisations peuvent non seulement survivre à une crise, mais aussi en sortir renforcées et plus résilientes. N’est-ce pas ce que nous appelons simplement « prendre soin » ?
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