Ecologie : sortir du gigantisme

365 m de long, 7600 passagers, 2400 membres d’équipages, 7 piscines, un parc aquatique, 20 étages, 40 restaurants, des boutiques, un casino bien sûr et même une patinoire. Un bébé de 250 000 tonnes produisant 33 tonnes de CO2/heure… Soyez la bienvenue sur Icon of the seas, le plus gros paquebot du monde construit par les chantiers navals de Turku, en Finlande.

Le paquebot rejoindra bientôt la flotte de son armateur, la compagnie maritime Royal Caribbean qui ne compte pas en rester là. Cette dernière a en effet déjà commandé deux autres paquebots géants. Autant d’investissements attestent de la confiance de la compagnie en l’avenir de son modèle.

Démesure

On connaissait le surtourisme ; voilà le mégatourisme, la création de temples gigantesques dédiés au tourisme. De véritables villes flottantes où tout est charme, délassement, volupté… et pognon ! On connaissait déjà les infrastructures géantes, des barrages en Chine aux supercentrales nucléaires. Quoi qu’on en pense, ceux-ci avaient néanmoins le mérite de délivrer une énergie essentielle à tous. Avec Icon of the seas et ses futures « petites » sœurs, le gigantisme se met au service du divertissement et plus largement de la consommation. Bref, de l’inessentiel.

Cela sonne bizarrement à nos oreilles. Dissonance cognitive… D’un côté on nous enjoint à faire preuve de sobriété et de l’autre, de tels projets qui défient la raison se concrétisent. Pour celles et ceux qui sont animés par un tant soit peu de conscience écologique, cette réalisation tient plus du monstrueux que du prodige. Car le problème est évidemment écologique : consommation délirante de carburant, production de gaz à effet de serre, destruction de la biodiversité marine, dégradation de la qualité de l’air dans les ports…

365 mètres… Plus c’est long et moins c’est bon sur le plan écologique. Nous avons certes besoin de consommer et de nous divertir ; nous avons besoin de futilité dans nos existences. La vraie question est celle de l’échelle. A quel moment perdons-nous la mesure ? Qu’est-ce qui justifie de basculer dans la folie des grandeurs ? Il n’est pas sûr que l’appât du profit soit seul en cause. La raison est peut-être encore plus profondément ancrée en nous, du côté de cette hubris propre à notre espèce.

Crédit Photo : Can Stock Photo – deandrobot

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